Coaching, thérapie, développement personnel, quelles différences ?

Développement personnel, coaching, thérapie, autant de pratiques dans l'ère du temps qui émergent dès que l'on souhaite changer quelque chose dans sa vie. Mais comment choisir ? Quelle est vraiment la différence entre ces différentes propositions ?

On fait le point ici, autant pour le grand public  en quête d'accompagnements sérieux que pour les professionnels en quête de repères pour se professionnaliser encore et toujours.

Ce qu'est la thérapie

La thérapie vise la prise en charge d’un patient par un thérapeute.

Le thérapeute est un expert, généralement un expert des dysfonctionnements affectifs ou cognitifs. Le plus souvent, il permet à son patient de prendre soin de son mal-être par l'exploration d'un contenu personnel qui le fait souffrir.

Les protagonistes sont alors dans une relation réparatrice des difficultés du patient, avec une visée personnelle. 

L’objectif est de soigner par un réaménagement de la structure psychique.

Ainsi, les thérapeutes assument une mission de soin, visant une progression pour obtenir du mieux-être, guérir.

Les psychothérapeutes travaillent ainsi l'intériorité du sujet, le moi, l'être, l'identité personnelle. Ils visent le réaménagement de la personnalité (ses fondations, sa structure).

Toute souffrance n’implique pas forcément qu’une démarche de soin soit nécessaire. 

Comme l’écrit le philosophe Paul Ricœur : 

« La souffrance n’est pas uniquement définie par la douleur physique, ni même par la douleur mentale, mais par la diminution, voire la destruction de la capacité d’agir, du pouvoir faire, ressentie comme une atteinte à l’intégrité de soi. »

La souffrance psychique peut donc avoir des causes autres que psychologiques, existentielles notamment. 

La thérapie ne peut donc pas être la réponse à toutes les formes de souffrance psychique liée à la nature même de la condition humaine. 

La tendance majoritaire actuelle est alors de se tourner vers le « développement personnel » au cours de cette quête.

A propos du développement personnel

Le champ du développement personnel est vaste et flou d’autant plus qu’il mêle parfois sans distinction à son discours sciences humaines (psychologie, philosophie, sociologie) et sens du sacré (spiritualité).

Épuré de ces éléments, le développement personnel est, selon Philippe Bigot, « une recherche d’épanouissement de soi, de croissance, de développement du moi fondé sur une meilleure connaissance de soi et de ses talents ».

Il se fonde sur une philosophie du sujet où l’humain est considéré comme étant une personne unique, un être, une essence avec ses qualités intrinsèques et ses défauts dont l’ensemble définirait sa personne.

L’objectif y est fixé d’avance : monter l’échelle de la progression pour être enfin soi-même, voire la « meilleure version de soi-même ».

Là encore, les professionnels de la matière se positionnent comme des experts : ils ont une méthode, une procédure par étapes, qui permettrait une transformation efficace.

Les plus critiques y voit une réification de l’être humain devenu objet de production à réparer. Pour Michel Vial, il s’agit en effet « de combler les failles, de corriger les défauts de l’autre, d’une relation orthopédique qui prend en charge la correction et la prévention des difformités ».

Le développement personnel peut en effet aisément basculer du coté volontariste et utilitariste, paradigme majoritaire ambiant, entretenant alors l’idéologie du néo-libéralisme individualiste et de la performance moderne déshumanisante où l’humain se gère comme une ressource, se développe comme un logiciel.

Le pouvoir d’agir initialement recherché est alors en réalité perdu au profit de l’adaptation à des méthodes préexistantes. Le processus existentiel est nié. C'est à mon sens l'un des risques majeurs de dérives du coaching.

Le coaching, philosophie du changement dans la sphère socio-professionnelle

 

Tout coach vise à faire avancer son client, sans pour autant avoir vocation à savoir à sa place comment il doit avancer. Ce n'est pas un expert qui a la solution au problème de son client. 

Avec cette posture d'accompagnement paradoxale en apparence, le coach vise l’autonomie de son client et la valorisation de ses ressources plutôt que sa personnalité, son être.

Le coaching, en tout cas tel que j'y ai été formé et que je le pratique, se fonde une autre philosophie du sujet : les humains y sont vus comme des sujets complexes en mouvement permanent, qui créent du sens au fur et à mesure qu'ils se confrontent aux autres et au monde (qui est lui-même un système complexe).

Le coach travaille ainsi l'extériorité du sujet. Ce faisant, il permet à son client de se décentrer de lui-même pour mieux se projeter vers l'extérieur et construire une place dans le monde.

Il intervient ainsi dans les sphères sociale et professionnelle pour permettre le passage de l'être à l'existence (du moi au soi). 

Dans ce type de relation, on est dans la recherche du bien-être, pas du soulagement du mieux-être thérapeutique, dans le prendre soin (le care disent les anglo-saxons) et non le guérir (le cure).

Il ne s’intéresse pas aux carences mais aux dynamiques (relations et conflits internes). Dans le monde du travail, il vise une évolution du savoir-faire, du positionnement et des pratiques professionnelles.

Les coachs proposent ainsi un cadre contenant et stimulant permettant de construire de nouvelles façons d’exister dans le groupe social, entre soumission aliénante à la norme et individualisme fanatique, avec l’exigence d’une humanisation jamais achevée.

Conclusion

Chaque champ d'activité a ses points forts et ses limites. Ils sont complémentaires, peuvent être concomitants mais ne doivent pas se confondre, au risque de ne plus produire aucun effet.

Certains approches suivent la pensée dominante des cases à remplir, objectifs à atteindre et trajectoires préconçues.

Pour d'autres, il s’agit de trouver une solution à un problème, d’identifier l’élément dysfonctionnant pour le réparer.

Pour d'autres enfin, l’être humain est considéré comme un système complexe vivant, en mouvement permanent, qui peut s’autoriser à changer, à s’émanciper par la mise en travail des enjeux qui l'animent.


Sources pour la rédaction de cet article réflexif :

Paul Ricoeur,  Soi-même comme une autre », Points 2015

Julia de Funès, Développement (im)personnel, le succès d’une imposture, J’ai lu 2021

Philippe Bigot, Le coaching Orienté Solutions

Michel Vial, L’accompagnement professionnel ? Une méthode à l'usage des praticiens exerçant une fonction éducative, De Boeck 2007

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